La cheffe du SDOL défend son quartier
et promeut les tours ailleurs
27 propriétaires de la Gottettaz, sur les hauts de Lausanne, ont obtenu gain de cause contre un projet immobilier qui, à leurs yeux, défigurerait l'unité architecturale du quartier. Le Tribunal cantonal a jugé « disproportionné» un immeuble de quatre étages qui créerait « une violente brèche dans la trame constructive avec une disproportion de gabarits manifeste ».
Le piquant de l’affaire relatée par « 24 Heures » est que parmi les habitants figure Ariane Wiedmer, engagée « à titre privé » contre l'immeuble de quatre étages.
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A titre public, Ariane Wiedmer n'est autre que la cheffe du Schéma directeur de l'Ouest lausannois (SDOL), vantant à qui veut l’entendre le « bouquet » de cinq tours (60 à 100 mètres) qui balafrera le paysage sous le nez de milliers d’habitants de Lausanne et Prilly.
Là, on ne parle pas de quatre étages, mais de 16 à 30.
Mais les Lausannois et Prillérans concernés n’ont pas la chance de réaliser la « disproportion de gabarits manifeste » que créeront les tours par rapport au voisinage. Et pour cause: les urbanistes la leur cachent, en dépit des exigences précises de la « Stratégie pour l’implantation des tours », que connaît fort bien la patronne du SDOL.
Si Ariane Wiedmer lutte contre un immeuble à toit plat de quatre étages dans son quartier - ce qui est son droit, peut-être a-t-elle eu raison de le faire - elle aime bien les tours, les grands gestes architecturaux. Ailleurs. Dans la « Neue Zuercher Zeitung » du 25 avril, elle qualifie de « wunderbar » (merveilleux) le silo tout-béton Swissmill haut de 118 mètres (photo) qui a suscité une forte polémique à Zurich. Elle y voit l'attrait d'un décor de cinéma.
Les habitants de Wipkingen et de Höngg qui vivent, eux, à côté du silo, ne goûtent pas le film. Ils trouvent la tour de béton hideuse et disproportionnée et l’ont d’ailleurs rejetée en votation populaire (Zurich l'a acceptée à 58% des voix). Qu’à cela ne tienne: on ne leur a pas assez « expliqué » les charmes de ce témoin industriel, estime Ariane Wiedmer dans la NZZ.
Les habitants de Lausanne et Prilly n’ont pas envie qu’on leur « explique » la beauté des « repères bâtis » et autres « immeubles emblématiques », selon le charabia en vogue, qu’une poignée d’urbanistes concocte dans leur dos. Ils veulent qu’on leur montre des coupes et simulations crédibles, ce qui n’a pas été le cas jusqu’ici pour cet énorme projet, le plus important de l’Ouest lausannois.
En attendant que Mme Wiedmer réconcilie ses positions privées et publiques, ils voteront NON le 27 novembre prochain au plan de quartier Malley-Gare.