Augmentation de la population de 75% en quinze ans?
Le canton de Vaud a entrepris un vaste chantier: réviser son Plan directeur cantonal, une obligation qui lui est imposée par la nouvelle Loi fédérale sur l'aménagement du territoire (LAT). Un des enjeux principaux est le redimensionnement des zones à bâtir, en particulier dans les communes périphériques et à la campagne, menacées de mitage, en compensant partiellement ces diminutions de surfaces par une densification des zones urbaines. Le grand Lausanne et Malley font partie de ces dernières.
Pour préciser ce redimensionnement, la LAT impose au canton de chiffrer l'augmentation de sa population envisagée dans les quinze prochaines années (2030). C'est ce qu'a fait le Conseil d'Etat en chiffrant ce nombre à 185 000 nouveaux habitants. "Nous avons vu grand de manière à être prêts à faire face au cas où à la croissance démographique comme ces dernières années. Si cela ne s'avère pas, il sera facile de réduire la voilure", déclare la conseillère d'Etat Jacqueline de Quattro à "24 Heures" du 19 janvier. "Il ne s'agit pas de peupler l'Arc lémanique au détriment de l'arrière-pays. Il faut répartir la population sur le territoire sans le miter", ajoute Pierre Imhof, chef du Service du développement territorial.
Pour l'agglomération Lausanne-Morges, le taux de croissance annuel est estimé à 1,8%, ce qui correspond à 4640 nouveaux habitants par année. Ce taux est inférieur à celui prévu pour Payerne (2,6%), le grand Genève (2,6%) ou l'agglomération chablaisienne (2,4%).
On observera tout de même que les projections démographiques ont été basées sur un scénario d'une forte croissance, faisant suite à une quinzaine d'années déjà marquées par une augmentation importante de la population, au cours desquelles le développement des infrastructures n'a pas suivi. La question légitime, que ne se pose pas le Conseil d'Etat, est: poursuivre sur ce rythme effréné est-il une fatalité? La densification, dont personne ne conteste le principe, n'est-elle pas en réalité un cadeau fait à l'industrie du bâtiment et de la promotion immobilière à qui on offre de nouveaux terrains de jeu dans les centres urbains?
"Le Matin Dimanche" a fait le calcul: si on additionne les principaux projets planifiés à l’horizon 2030 entre les gares de Renens et de Lausanne, on obtient 28 130 nouveaux habitants et emplois - et c'est sans compter les constructions moins importantes. En 2012, ce périmètre accueillait 22 600 habitants et 14 600 emplois, selon les données calculées pour «Le Matin Dimanche» par le Service vaudois du développement territorial. Cela représente une augmentation de la population de 75% en quinze ans!
Est-ce bien raisonnable? comme disait l'autre...