Trop de bureaux? Voici encore des bureaux!
Selon une étude du cabinet de conseil immobilier Jones Lang LaSalle, la Suisse souffre d'une pléthore de bureaux vides telle qu'elle n'en a plus connu depuis dix ans. De 2014 à 2015, l'offre a augmenté de 4%, alors que la demande stagne. A Genève, les surfaces inoccupées ont crû de 7,2% pour atteindre 170 000 mètres carrés, relate "TdG/24 Heures". A Lausanne, la situation est moins critique, mais on enregistre tout de même 35 000 mètres carrés de bureaux et commerces vides à fin 2015.
Côté logements, en revanche, la situation est toujours aussi tendue. Le taux de vacance reste bas. La logique voudrait donc que les investissements s'orientent prioritairement vers les appartements, où la demande est forte. C'est ce qu'on nous promet, depuis des années, sur le site de Malley.
Mais que prévoit le premier plan de quartier mis à l'enquête, celui de Malley-Gare? Sur 52 500 mètres carrés de surfaces constructibles, seuls 13 000 mètres carrés environ, seront affectés au logement, soit moins d'un tiers. La zone est subdivisée en deux sous-secteurs, dont le plus grand prévoit "entre 0 et 40%" de logements, et le second 40%. Autrement dit, c'est d'abord de nouveaux commerces et bureaux que l'on s'apprête à construire là.
Pourquoi Lausanne est-elle pressée de commencer par ce secteur au lieu de mettre la priorité sur les logements, plus au sud de Malley? L'explication est la suivante: la commune a procédé à un échange de terrains avec les CFF pour participer à la construction du pôle muséal à la gare CFF de Lausanne, projet de prestige devisé à plus de 100 millions de francs. Devenus propriétaires d'une grande parcelle de terrain à Malley-Gare, les CFF veulent la rentabiliser au plus vite; s'ils en sont empêchés, la ville de Lausanne devra payer un dédommagement pour le retard. C'est pour éviter cela qu'elle se retrouve à pousser un projet qui n'est pas prioritaire pour la population alors que, ironiquement, une affiche électorale placardée non loin de là vante ce que fait la municipalité socialiste pour le logement.
Comme dit le slogan, "Ã Malley nous construisons un terrain d'aventure"...
Car que prévoit le deuxième plan de quartier mis à l'enquête à Malley? Une patinoire et une piscine olympique, zéro logement. Cette fois, c'est pour ne pas manquer le rendez-vous des JO de la Jeunesse 2020, décrochés par Lausanne, que la ville place ce dossier en-dessus de la pile. Tant mieux pour le sport. Mais on constatera qu'une fois encore, un projet de prestige devisé à 200 millions - sacrée aventure, dont une patinoire provisoire à 10 millions - fait passer le logement au second plan.
Ce qui n'empêche pas les candidats d'en faire une priorité électorale.
Actualisation le 23 février: L'édition 2016 du Salon de l'immobilier à Ouchy a été supprimée, annonce "24 Heures", qui explique cette décision par le retrait de quatre grandes régies et un "essouflement du marché".