Piste cyclable entre Malley et Lausanne
Arnaud Parfait (pour les CFF) et Laurent Dutheil (pour la ville de Lausanne) ont présenté jeudi 11 février à l’aula du Belvédère le premier tronçon de ce qui deviendra à terme une grande voie de mobilité douce reliant Denges à Pully. Ce tronçon, long de 260 mètres, surmontera le mur de soutènement construit sur le flanc sud de la tranchée du Languedoc pour permettre la pose d’une quatrième voie CFF. Les travaux commenceront en mai de cette année et se termineront fin 2017.
En quoi cela concerne-t-il Malley? Le futur quartier l’est au premier chef puisque depuis la tranchée du Languedoc, la voie de mobilité douce se prolongera à l’ouest jusqu’à la gare CFF de Malley et à l’est jusqu’à celle de Lausanne. Ainsi, une piste cyclable, partiellement en site propre, reliera ces deux points stratégiques en moins de dix minutes et avec un faible dénivelé. C’est donc un élément important du système de mobilité qui va être mis à l'enquête pour encourager les gens à changer de mode de transport et éviter que la construction du futur quartier de Malley engorge complètement les routes.
Dans le détail, le tronçon du Languedoc commencera après la traversée, par passage piéton, de l’avenue Tivoli. Il suivra, en contrebas, les chemins de la Tour Grise et des Deux-Ponts (illustration ci-dessus) et rejoindra l’avenue Marc-Dufour, qu’il faudra traverser par un autre passage piéton, avant d’emprunter à la descente le chemin de Fontenay puis à gauche la route du Mont-Tendre jusqu’à Grancy et l’entrée sud de la future gare de Lausanne.
La bande, goudronnée, aura trois mètres de larges, la circulation des piétons et des vélos n’y sera pas séparée.
Côté ouest, les cyclistes poursuivront leur chemin en empruntant la branche de l’avenue de Provence (existante) qui passe derrière le garage Amag. Restent ensuite une centaine de mètres à aménager (le crédit sera demandé en 2017) pour rejoindre le chemin du Martinet, où une passerelle récemment aménagée le long des voies CFF permet de rejoindre la halte de Malley.
Côté est, les cyclistes descendront le chemin de Fontenay puis prendront à gauche celui du Mont-Tendre et des Epinettes. Des négociations sont en cours avec les CFF pour créer une voie d’accès plus directe, en site propre, sur ce dernier tronçon.
Notre commentaire:
On aurait aimé pouvoir se réjouir sans réserve et dire que la révolution de la mobilité douce a commencé à Lausanne. Ce n’est pas vraiment le cas. Pourquoi? La tranchée du Languedoc est une demi-mesure décidée dans un souci d’économie plus que d’audace. Les expériences faites dans les villes qui ont fortement augmenté la part de mobilité douce montrent qu’une clé du succès est d’avoir des itinéraires cyclables continus et assez larges. Ce ne sera pas le cas ici.
Parce qu’il n'était pas possible, dans la variante choisie à Lausanne, de passer sous les ponts Marc-Dufour et Tivoli, les cyclistes devront mettre pied à terre à chaque bout de la tranchée pour traverser des artères à forte circulation. Côté Tivoli, ils devront remonter le trottoir à pied sur près de cent mètres ou s’insérer provisoirement dans le trafic, dangereux à cet endroit. Côté Marc-Dufour, à la jonction du chemin des Deux-Ponts, où se trouve aussi un arrêt de bus, la place sera très étroite pour les cyclistes et les piétons attendant de traverser. Ensuite, le parcours retenu – provisoirement en tous cas - pour rejoindre la gare CFF de Lausanne passe par quelques passages étroits et peu pratiques.
Quant à la largeur retenue, trois mètres pour les cyclistes et les piétons, sans distinguer les uns des autres, elle ne permet pas un fort débit.
Le concept reste plus celui d’une promenade tranquille du dimanche que celui d’une voie express cyclable destinée à accueillir de nombreux usagers aux heures de pointe. Laurent Dutheil a d’ailleurs dit à ce sujet une phrase révélatrice lors de la présentation de jeudi. Interrogé sur la difficile traversée de Marc-Dufour, il a déclaré qu’« il n’y aura pas beaucoup plus de fréquentation qu’aujourd’hui ». Alors pourquoi parler d’ « axes forts » de mobilité douce si, au fond, on n’y croit pas vraiment?
Y aurait-il eu une solution plus audacieuse? Peut-être, en créant la voie de mobilité douce au nord de la tranchée du Languedoc et non au sud comme le choix en a été fait. N’étant pas contrainte par le mur de soutènement de la 4ème voie CFF, elle aurait pu passer plus bas, sous les ponts Marc-Dufour et Tivoli (à l'oeil, cela ne paraît pas impossible). Puis elle aurait longé Sébeillon, où la plupart des voies CFF de garage sont à l’abandon. La cerise sur le gâteau aurait été de la faire passer, par une passerelle large de deux mètres de chaque côté du viaduc du Galicien, ce qui aurait offert une arrivée spectaculaire sur Malley, le centre sportif, avec un prolongement naturel vers Renens. Une voie continue en site propre, accrochée au pôle muséal de Lausanne d’un côté, au centre sportif de l’autre, voilà qui aurait eu de l'allure!
Bien sûr, elle aurait aussi coûté nettement plus cher. La seule passerelle du Martinet a coûté un million de francs, il en aurait au moins fallu au moins vingt de plus pour le projet esquissé ici. C’est beaucoup d'argent, mais aussi une question de priorités. Si on peut dépenser une dizaine de millions de francs pour une patinoire provisoire qui servira deux-trois saisons, est-ce choquant d’en prévoir le double pour un aménagement qui profitera à des milliers de personnes pendant des générations?
Soucieuse du budget, la ville de Lausanne a préféré profiter du chantier CFF Léman 2030 et de la quatrième voie. C’est évidemment beaucoup moins coûteux et, reconnaissons-le, mieux que rien. Si cette voie de mobilité douce est prolongée en site propre vers la gare de Lausanne et aménagée de façon plus plaisante qu’aujourd’hui en direction de Malley – ce qu’on nous promet – elle représentera au moins un progrès par rapport à la situation actuelle. (J.-C. Péclet)